Au musée, le spectateur approche en général une œuvre plastique de culture étrangère grâce à un texte ou à un discours historique et didactique. Comment les artistes du spectacle vivant peuvent-ils l’inviter in situ à devenir l’acteur de sa propre relation à l’œuvre ? Que lui apporte une telle interprétation collective, corporelle et poétique dans un parcours muséal ?
Des jeunes chercheurs du département théâtre (séminaires avec Katia Légeret) et de l’EA 1573 à Paris 8, témoignent d’un « être-ensemble acteurs-spectateurs », qui a pour vocation de recréer collectivement une œuvre plastique muséale en la jouant. Leur savoir-faire est d’ordre rythmique, il privilégie le geste et la langue poétique. L’élaboration de cette conférence-performance a commencé en octobre au MNAAG, autour de trois sculptures asiatiques. Ce colloque sera l’occasion de partager avec le public ce processus de création, qui questionne notamment le déplacement du regard ethnocentrique, la posture d’héritiers, la fonction actuelle de ces mythes, la disparition/transformation de ces œuvres par la transmission orale en tant qu’acte patrimonial immatériel.
Ce « faire-ensemble » produit une complexité performative sans contrainte disciplinaire, afin que l’œuvre muséale fossilisée a priori dans l’espace institutionnel ne soit plus au centre du regard mais disparaisse dans un processus collectif sensible, interactif et non linéaire, qui accepte l’hétérogène, le chaotique, l’altérité, le changement, la méconnaissance des codes culturels. Etudier l’œuvre consiste à la tisser de manière transartistique et transculturelle, jusqu’à ce qu’elle ré-apparaisse autrement, mais vivante.