LA FONTAINE et le PANCHATANTRA

Les Fables de La Fontaine inspirées du Pañcatantra

The Pañcatantra in The Fables of Jean de La Fontaine

Mises en scènes et recherches créations

à Mysore, en Inde et en France à l’université Paris 8 (Dpt Théâtre)

2006-2026

Articles Publiés

-« La transmission orale du Pañchatantra au théâtre : mises en scène en Inde et en France. Leurs enjeux transtextuels et interculturels », in Problèmes d’histoire littéraire indienne, (Dir.) Claire Joubert et Laetitia Zecchini, Revue de Littérature comparée, Paris, RLC LXXXIX, n° 4, octobre-décembre 2015, p. 497-508.

https://www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2015-4-page-497.htm?ref=doi

Dance Theatre of India, crossing new Aesthetics and Cultures, Niyogi Books, New Delhi, Inde, 2018, 130 p.

Conférences

« La transmission orale du Panchatantra au théâtre : mises en scène en Inde et en France. Leurs enjeux transtextuels et interculturels », journée d’étude dans le cadre du Labex ARTS-H2H Transculturalité(s),  intitulée Problèmes d’histoire littéraire indienne et organisée par Claire Joubert (Paris 8/Texte étranger) et Laetitia Zecchini (CNRS/THALIM/ARIAS), INHA, 23 mars 2014.

« The Pañcatantra in The Fables of Jean de La Fontaine: comparative aesthetics and artistic performances, colloque international «   The Panchatantra across cultures and disciplines   », Saxon Academy of Sciences et Université de Leipzig, octobre 2012.

Films des Mises en Scène

L’Inde mise en scènes : transmission orale des théâtres dansés entre tradition et transculturalité. Fables croisées Panchatantra/La Fontaine. Réalisation de 5 films d’1h30 financés par le labex ARTS-H2H dans le cadre du projet « Transculturalités » porté de 2012 à 2014 et mis en ligne sur son site, comprenant les tournages pendant deux années du dispositif à la fois performatif (17 performances réalisées, direction de 8 de ces performances avec des artistes professionnels et des groupes d’étudiants de Paris 8 en licence, master théâtre et doctorat EDESTA) et scientifique (20 conférences).

https://www.youtube.com/watch?v=J35i0uOedO4

« La laitière et le pot au lait » Fable de La Fontaine (VII, IX)
« Le bhramane et le pot cassé » du Panchatantra

https://www.youtube.com/watch?v=3AKDQL2h7iI&t=4650s

L’Inde mise en scènes : transmission orale des théâtres dansés entre tradition et transculturalité. (www.labex-arts-h2h.fr/fr/transculturalites-1002.html) 1er film du projet de recherche porté par Katia Légeret, professeure au département théâtre et directrice de l’EA 1573 “Scènes du monde, création, savoirs critiques”. Parmi les participants : K. Muralidhar Rao, L. Ramasesha, Suchita Chapekar, Sanga, Nancy Boissel-Cormier, des jeunes chercheurs du département théâtre de Paris 8 et de l’EA 1573. Fables : « Les poissons et le cormoran » Fable de La Fontaine (X, III) / « Le héron et le crabe » du Panchatantra

Mises en scène interculturelles avec des groupes japonais, chinois, indiens, libanais, algérien, brésilien et français,

https://www.youtube.com/watch?v=UlfkEW-O3DQ&t=4110s

La transmission orale des fables du Pañcatantra au théâtre, entre l’Inde et la France : enjeux transtextuels et interculturels

« Depuis 2010, des acteurs-danseurs professionnels indiens sont invités chaque année au département théâtre de l’université Paris 8. Le contexte est celui d’un séminaire-atelier international que j’organise dans le cadre de la formation (avec des étudiants en licence) et de la recherche, avec mes doctorants et masters spécialisés dans les théâtres dansés de l’Inde. Sa vocation consiste chaque fois à explorer l’une des histoires du Pañcatantra qui a inspiré une vingtaine des fables de Jean de La Fontaine. Le poète français le précisait en 1678, dans l’Avertissement à la Seconde Compilation de ses deux cent quarante fables : « Je dois reconnaître que la majorité est inspirée par Pilpay, un sage indien ». Rappelons que ces Fables, datant du XVIIe siècle, constituent l’ouvrage pour enfants le plus diffusé en France ; elles ont été à nouveau recommandées en 2013, sur le site officiel du Ministère de l’Éducation Nationale, pour l’enseignement à l’école primaire des notions de base de morale. En Inde, la diffusion quotidienne de ces mêmes fables dans leurs versions indiennes sur les chaînes de télévision, dans des programmes multilingues, et leur présence dans les répertoires populaires des écoles de danse et de théâtre témoignent également de leur actualité.

Mais que peut apporter l’interprétation théâtrale à la simple lecture de ces fables et à l’histoire de leurs multiples voyages culturels ? Comment les arts du spectacle vivant se posent-ils la question d’une histoire littéraire indienne ? L’expérience de la transculturalité dans les arts du spectacle vivant en Inde et à l’étranger viserait-elle à montrer qu’une approche épistémologique de la catégorie européenne de « littérature » présuppose un réagencement constant des relations entre les cultures, les discours, les langues et les langages corporels ? Nous verrons comment le dynamisme d’un tel (mé)tissage est assuré par la participation de plusieurs arts à la mise en scène d’un même texte : la danse, le théâtre, la poésie, la sculpture et la musique. Ce type de transmission étant oral, le processus de création démontrerait que le texte initial (la narration de l’histoire choisie) est sans cesse démantelé et reconstruit par d’autres récits, souvent érudits. Pourrons-nous encore parler de littérature en tant que catégorie ?

En effet, dans le programme de ce séminaire intensif de Paris 8 qui dure quinze jours, les étudiants, de différentes nationalités, doivent d’abord apprendre et pratiquer la version indienne d’une de ces fables reprises par La Fontaine, transmise oralement par un professeur venu spécialement de l’Inde et ayant appris en Inde ce répertoire. Il faut préciser que, contrairement au texte sanskrit qui imbrique les histoires les unes dans les autres, La Fontaine a écrit chaque fable séparément, en donnant à chacune un titre. Ces étudiants pratiquent d’abord les mouvements de base de plusieurs théâtres dansés indiens comme le Bharata-nātyam, le Kūṭiyāṭṭam et le Kathakali, en particulier les marches d’animaux et la gestuelle des mains. Dans un second temps, ils doivent mettre en scène cette fable en fonction de leur culture  – définie à partir des attitudes et des gestuelles – et de leur langue, tout en intégrant le vocabulaire corporel du théâtre indien. Le questionnement s’engage alors : quels sont les effets de cette présence d’un élément étranger à la culture source ? Provoque-t-elle une distance critique et une liberté de parole et d’expression par rapport à la fable et à sa transposition dans un autre contexte ? Nous définissons ce processus de traduction corporelle en résonance avec le sens de processus énonciatif tel que l’entend Homi K. Bhabha dans son ouvrage Les Lieux de la culture :

Ce passage du culturel comme objet épistémologique à la culture comme site de promulgation et d’énonciation ouvre la possibilité d’autres « temps » de signification culturelle (rétroactifs, préfiguratifs) et d’autres espaces narratifs (fantasmatiques, métaphoriques). J’entends, en spécifiant le présent énonciatif dans l’articulation de la culture, fournir un processus susceptible de transformer les autres objectifiés en sujets de leur histoire et de leur expérience.

Les mises en scène produites par les étudiants dans ce séminaire universitaire mettent en jeu les fables en tant que narration commune à plusieurs cultures. Comment ces fables permettent-elles aux participants du séminaire de créer un nouveau regard non chronologique, non homogène et non hiérarchique sur l’histoire de ces arts et de ces littératures ?  Cela tient-il au fait que le texte indien appris par cœur subsiste dans leur mise en scène au moyen d’une traduction corporelle, éphémère dans son expression scénique ? Dans quelle mesure l’inséparabilité en Inde, de la poésie, de la danse, du théâtre et de la musique crée-t-elle une porosité des frontières entre les textes écrits, dits, et joués avec le corps ? Cette présente réflexion sera menée à partir de la fable mise en scène dans le cadre du séminaire de 2012, et que La Fontaine intitule au début de son second Livre « La tortue et les deux canards ». Cet unique exemple nous permettra d’exposer le travail fait en séminaire, d’abord dans le processus d’apprentissage du vocabulaire codifié indien, puis dans sa transposition scénique « métissée ».

On croit savoir que La Fontaine aurait connu cette source indienne par le livre publié en 1644 à Paris par Simon Pinget, intitulé Le Livre des Lumières ou la Conduite des Roys, composée par le sage Pilpay, traduit en français par David Sahid d’Ispahan. Il s’agit de la traduction d’un manuscrit persan, appartenant à la collection de Gilbert Gaulmin, un magistrat et un orientaliste bien connu à l’époque. Nous avons travaillé en séminaire à partir de cette source, en regard de l’une des traditions orales du Bharata-nātyam de Mysore transmise par le maître Nātyacārya  K. Muralidhar Rao, qui correspond au texte de l’édition sanskrite Edgerton du Pañcatantra. À notre connaissance, il existe seulement deux copies de ce Livre des Lumières. L’un, assez endommagé, est à Caen dans la bibliothèque de l’université. Le deuxième est à Munich, à la Bayerishe Staats Bibliothek, numérisé en 2009, et celui-ci précise que l’auteur du texte est Kâsifi Husain. Cet homme a écrit en 1504 Anvār-e Soheylī, (Les Lumières de Canope), une version perse du fameux ouvrage Kalîleh O Demneh, datant du XIIe siècle. Ainsi, l’accès de La Fontaine aux fables du Pañcatantra a été possible par une traduction française partielle des Lumières de Canope, puisque les quatre premiers livres seulement inclus. Mais dès les premières pages de l’ouvrage, le traducteur David Sahid précise que le manuscrit perse auquel il a eu accès est en réalité la cinquième traduction en persan de la traduction arabe originale écrite en 750 par Abdullah Ibn al-Muqaffa, et que l’auteur n’est pas Kâsifi Husain mais Nasrolla ben Abdelhamid. Sachant cela et sans tenir compte des éventuelles variations d’une traduction à l’autre, La Fontaine était persuadé d’être en contact direct avec la sagesse indienne, représentée par l’illustre « sage Pilpay ». Il ne s’agit pourtant pas d’un nom propre, et David Sahid précise à ce titre au tout début de sa traduction : « Pilpay Bramin Indian est le nom que les Indiens donnent à leurs sages, connus par les Grecs sous le nom de Bracmans ». Malgré les différentes traductions et migrations du texte indien qui ont encore précédé cette version persane lue en traduction puis réécrite par La Fontaine, la trame de l’histoire reste la même et nous pouvons la résumer ainsi : pour sauver de la mort une tortue, deux oies l’emportent en volant vers un autre lac. La tortue doit mordre dans un bâton que les oies tiennent dans leur bec. Malgré leur avertissement de rester silencieuse pendant le voyage, la tortue perd patience en entendant les réactions de ceux qui la voient voler ; elle tente de parler, tombe au sol et meurt. La moralité de l’histoire est double : il s’agit d’éviter la vanité, et d’écouter les conseils amicaux.

Dans le séminaire, les acteurs indiens apprennent d’abord aux étudiants comment préparer l’énonciation du texte avec des mouvements corporels précis (la respiration notamment) pour fabriquer sa représentation scénique. La mise en scène se fonde en effet  sur les conditions physiques de cette énonciation, avec ses formes d’expression non verbales, tel le langage gestuel. Comme ces histoires sont orales, leur enseignement dépend en Inde d’un procédé de transmission particulier. Appelé  parampara, il implique une distinction entre le texte – avec sa traduction simultanée en plusieurs langues – et les métatextes. Ces derniers sont constitués par la relation établie, au moment de la transmission par l’enseignant, entre ses commentaires oraux et érudits et les mouvements corporels, en particulier les gestes de mains appelés hasta ou mudrā. Le terme sanscrit mudrā signifie littéralement « sceau », c’est-à-dire l’action de renforcer par le geste le pouvoir oral ou l’autorité d’un mot. Les mains ne miment pas chaque mot du texte mais elles le mettent en abyme, en fabriquant d’autres fragments textuels, qui correspondent à des bribes d’histoires déjà connues venant enrichir la mise en scène. Le plus souvent, ces histoires ou récits mythologiques liés au vocabulaire gestuel, sont racontées entre les pratiquants pendant le processus de création. Mais cette énonciation vocale disparaît dans le résultat final, elle est remplacée par des gestes, des marches ou des poses qui ne font que suggérer ces autres histoires pour ne pas rompre la cohérence de la trame principale. Cet enrichissement subtil du vocabulaire corporel donne une dimension poétique à la narration centrale. Il offre ainsi au spectateur une certaine marge de liberté d’interprétation, et plus il sera érudit ou connaisseur de cette culture, plus elle sera grande.

Dans son ouvrage intitulé Vers une théorie de la pratique théâtrale: voix et images de la scène, Patrice Pavis définit le métatexte au théâtre comme « l’ensemble des textes déjà connus par le spectateur et/ou le metteur en scène et utilisés par eux pour déchiffrer le texte à lire ou à montrer ». Ces textes en marge permettent de donner un sens au récit mis en scène. Pavis remarque que dans la mise en scène finale, l’énonciation scénique et le texte énoncé sont liés jusqu’à fusionner et seule la connaissance du processus de création permet de comprendre en quoi ils se sont différenciés l’un de l’autre. Dans le cas de notre mise en scène, nous devons préciser que les commentaires verbaux échangés pendant les séances de travail permettent de comprendre que les gestes ne miment pas le texte mais ils le commentent aussi en apportant la connaissance d’autres textes sur le vocabulaire gestuel érudit. Mais ces écrits savants ne sont pas apportés pendant cette résidence de création, ils sont récités par cœur en jouant le rôle de métatextes. Grâce à la richesse suggestive de ce vocabulaire gestuel, ce développement du mot dans l’espace et le temps crée une narration poétique. Nombreuses sont les formes théâtrales et dansées en Inde où l’acteur-danseur ne parle pas sur scène ; sa voix est portée par le chanteur de l’orchestre. Les mains représentent son moyen d’expression principal et l’apprentissage des codifications gestuelles se fonde sur des traités d’art dramatique anciens et en sanscrit, tels que le Nāṭya-śāstra, l’Abhinayadarpaṇa ou le Sāṅgitaratnakara.

Ce type d’apprentissage par transmission orale et corporelle des fables, et la présentation spectaculaire de ces fables telles qu’elle a été accomplie dans ce contexte universitaire français, posent un certain nombre de questions quant à la compréhension de l’histoire par le public. Ces questions sont en résonance avec la problématique spécifique posée par l’ensemble des textes de cette publication sur la catégorie de « littérature indienne ». Comment cette gestuelle, en tant que vocabulaire basé sur le sanskrit, subsiste-t-elle lorsqu’elle est utilisée par ces étudiants dans leurs mises en scènes interculturelles jouant avec plusieurs langues, dont leur langue maternelle ? Le texte original subsiste-t-il ? Selon la codification indienne, à chaque geste correspondent plusieurs sens possibles et à l’inverse un même mot de la langue peut être interprété par plusieurs gestes. Grâce à cette richesse sémantique, l’acteur-danseur invente des métatextes poétiques. Comment ce langage corporel réussit-il à tisser ces emboîtements d’histoires et de poèmes sans perdre le fil de la narration principale ? Quels sont les éléments conventionnels et les règles de ce théâtre indien qui doivent subsister pour garder la cohérence de l’histoire mise en scène dans ce contexte interculturel et translinguistique ? »

Katia Légeret

Extrait de l’article publié : « La transmission orale du Pañchatantra au théâtre : mises en scène en Inde et en France. Leurs enjeux transtextuels et interculturels », in Problèmes d’histoire littéraire indienne, (Dir.) Claire Joubert et Laetitia Zecchini, Revue de Littérature comparée, Paris, RLC LXXXIX, n° 4, octobre-décembre 2015, p. 497-508.

https://www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2015-4-page-497.htm?ref=doi

Copyright Katia Légeret

Remarques (notes de bas de page de l’article)

-Plusieurs recensions en sanscrit correspondent à ce recueil de fable d’origine indienne et datant probablement du IIIe siècle. Notre travail se fonde sur la version sanscrite reconstruite par Franklin Edgerton en 1924, qui a inspiré la mise en scène théâtrale en Inde de K. Muralidhar Rao à Mysore de 2000 à 2007, et sur la traduction en anglais donnée par Patrick Olivelle, Five Discourses on Worldly Wisdom, New York University Press and JJC Foundation, 2006.

-Citation Patrice Pavis, Vers une théorie de la pratique théâtrale : voix et images de la scène, Paris, Presses Universitaires du Septentrion, 4e ed, 2007, p. 375

-Citation Homi K. Bhabha (1994), Les lieux de la culture, une théorie postcoloniale, trad. de l’anglais par Françoise Bouillot, Paris, Payot, 2007, p. 277.

-Pour indication, les positions de mains sont répertoriées dans le chapitre 9 du Nātyashāstra, consultables en anglais dans la traduction de 1999 réalisée par A Board of Scholars, collectif de traducteurs de la maison d’édition Sri Satguru Publications à New Delhi.

The Pañcatantra in The Fables of Jean de La Fontaine: comparative aesthetics and artistic performances

Every year, professional Indian actors-dancers are invited to the Paris 8 University seminar organized by the Theatre Department to explore one of the Pañcatantra stories which has inspired at least twenty of the fables of the French poet La Fontaine. La Fontaine’s Fables are the most well-known oral tradition in France from the XVIIth century. Today there are forty different published editions of the Fables. It is still the most important child’s book and even today it is recommended for the basic notions of morality at school by the Ministry of Education.

So, in this seminar, the students coming from different parts of the world begin by learning and practicing the Indian inspiration of La Fontaine’s Fables, transmitted orally by a professor coming from India or having learned the approaches to staging this story in India. These students learn the basic movements of several Indian Danced Theater school styles such as Bharata-nāṭyam, Kūṭiyāṭṭam and Kathakali. Secondly, they have to stage one of La Fontaine’s Fables according to their own specific culture and language. Finally, we analyse together how the Indian aesthetics elements remain in the students’ interpretation and why. This last point I will develop in this study.

This year we have chosen the Fable that La Fontaine entitled “The tortoise and the two ducks” (10th Book, Fable number 2). It is one of the rare fables very similar to the Pañcatantra’s story about a tortoise and two geese. However, unlike the Sanskrit text, with its “box within box” structure, La Fontaine wrote each fable separately, giving them their own titles.

 The most likely Indian source read by La Fontaine is a book published in 1644 in Paris by Simon Pinget, entitled The book of Enlightenment or the Conduct of Kings composed by the Indian sage Pilpay, translated into French by David Sahid d’Ispahan. It is the translation of a Persian manuscript belonging to the collection of Gilbert Gaulmin, a magistrate and well-known orientalist.  The students work according to three sources: the former mentioned, one of the oral and vernacular Bharata-nāṭyam tradition of Mysore transmitted by nāṭyacharya K. M Rao, and the third is the Edgerton’s Sanskrit edition[1] used by this dance master and by us at Paris 8 university.

In 1678, in the Avertissement à la Seconde Compilation of his 240 Fables, the French poet Jean de La Fontaine says:I have to acknowledge that the greatest part is inspired by Pilpay, an Indian Sage”. The so-called Indian Pilpay had first come to the French through a translation from Persian. I found only two copies of this Book of Enlightenment. One, quite damaged is in Caen, in the University library. The other is in Munchen, in the Bayerishe Staats Bibliothek, digitalized in 2009, but the author is not mentioned as David Sahid d’Ispahan, who was of course only a translator, but as Kâsifi Husain. This man wrote in 1504, Anvār-e Soheylī, The Lights of Canopus, a Persian version of the famous Kalîleh O Demneh from the XII century. It is usually said that La Fontaine’s source of The Pañcatantra is this French translation of The Lights of Canopus, containing only its four first books. But from the first pages of the text, David Sahid precises that the Persian manuscript is the fifth well-known translation in Persian of the original Arabian translation of Abdullah Ibn al-Muqaffa (750) and that the author is not Kâsifi Husain but Nasrolla ben Abdelhamid. I don’t know if this point has been verified. This would suggest that La Fontaine’s source of inspiration would have been closer to the Arabian version of the year 750. Anyway it was La Fontaine’s conviction to be in touch with the ancient Indian wisdom, for as David Sahid mentioned at the very beginning of the book: “Pilpay Bramin Indian is the name that Indians give to their sages well-known by the Greeks under the name of Bracmans”.

In spite of these different translations and migrations of the text from India through this Persian version and into France, the heart of the story remains the same and we can express it thus: to save a tortoise from death, two geese transport her (while the tortoise in the Sanscrit original is male, La Fontaine’s version makes her female) by air to another lake. The tortoise has to bite on a stick the geese hold in their beaks. In spite of their advice to keep silent during the journey, the tortoise loses patience on hearing the commotion of people seeing them flying and the tortoise tries to speak, and falls to the ground and dies. The moral is twofold: avoid egocentricity and excessive self-interest, and it is better to listen to friend’s advice.

A performance studies point of view implies starting from the utterance itself as a performance act. More precisely, we start from the physical conditions of this utterance, therefore from the non verbal ways of expression. So, as we consider that these stories are fundamentally oral by nature, depending on parampara – the process of transmission, it is important to distinguish between the text (open, traced by the performance of intercultural inter-texts) and the meta-text made by the non verbal movements of the body, especially the hand gestures, named hasta, with the meaning of mudrā, literally a “seal”. The mudrā leave their imprint upon the spoken word, conferring a spiritual power or authority. So, in acting and dancing, the hand gestures (hasta) are the constituents of a language meant to bring out all expressible facts and thus help to convey meaning. When the artist does not speak on the stage, the hands represent the principal way of expression. They hold a predominant position both in the oral teachings of dance and drama and of course in drama treatises such as Nāṭya-śāstra, Abhinayadarpaṇa or Sāṅgitaratnkara.

Several questions demand answers. How do these hasta, as a sanskrit vocabulary, find their place when used by these students, even within their own culture and language? In the meta-text that the students composed, can each gesture carry the fundamental meaning of the story? Let us take two steps towards an answer, firstly with the example of the word goose, becoming duck in La Fontaine’s version and later, with the word “tortoise”. Then, through several performances, we will see how each group of students interpret this text. We worked on two versions of this fable, that of Jean de la Fontaine (Elizur Wright’s translation) and the Sanskrit version translated by Patrick Olivelle.

Katia Légeret

Extract from Katia Légeret, Dance Theatre of India, crossing new Aesthetics and Cultures, Niyogi Books, New Delhi, Inde, 2018.

Copyright Katia Légeret

Notes (footnotes of the article)

-Already, during the XVIIth century, there were 125 editions of these Fables with special notes for the children, while only a quarter of the French population were literate. In 1841, La Fontaine’s Fables became the essential reference used in the official programmes of primary schools and this is still the case. The Fables have become a sort of institution.

– It is relevant that to retain moral maxims, the poetic language approach is the best way for children to overcome the difficulty of La Fontaine’s vocabulary, which gives an effect of strangeness: they learn the musicality of the language.

– In his Catalogue, Gaulmin noted that this manuscript had been copied by the Persian Daoud Said Isfahani and a second copy made by him was given to Thevenot in 1643: See Blochet E., Catalogue of Persian manuscripts, IV, Paris, 1905, p. 51 and p. 230. We know that Gaulmin mastered Hebrew, Arabic & Turkish, but not Persian. In 1667, Colbert purchased the holdings of the library Gaulmin.